Canari volcan : les plus beaux cratères à explorer sur chaque île

Canari volcan : les plus beaux cratères à explorer sur chaque île

Je vous préviens tout de suite : poser le pied dans les Canaries, c’est comme marcher sur la peau encore brûlante d’un géant endormi. Ici, la terre est vivante – elle tremble, fume, gronde, mais surtout… elle fascine. Archipel du feu semé dans l’Atlantique, les Canaries sont le terrain de jeu rêvé pour les amateurs de cratères, de laves figées et de paysages martiens. Chaque île a son caractère, et chaque volcan vous raconte une autre histoire. Suivez-moi dans ce ballet géologique, entre sable noir, cendres et panoramas à vous décrocher la mâchoire (ou une cheville si vous ne regardez pas où vous mettez les pieds).

Tenerife – El Teide, le toit des Canaries et l’antichambre du ciel

Il fait partie de ces lieux où l’on sent le sacré même sans croire à rien. Le Teide, c’est un dieu de pierre, dressé à 3 718 mètres, au milieu de la plus grande île de l’archipel. Il vous regarde de haut, impassible, souvent ceinturé d’un halo de nuages comme un chaman dans sa prière silencieuse. S’y aventurer, c’est une ascension du corps et de l’âme.

Le parc national du Teide est classé à l’UNESCO, et pour cause : c’est un chef-d’œuvre minéral. Des pinèdes parfumées de la base à la toundra volcanique du sommet où l’air devient rare, chaque mètre d’élévation vous change. Vous pouvez grimper à pied (la vraie expérience, exigeante mais cathartique) ou vous laisser porter par le téléphérique — mais alors, pas de droit de se plaindre du manque de mérite.

L’accès au cratère terminal est limité à 200 personnes par jour, donc pensez à réserver votre permis bien à l’avance. À l’aube, quand le soleil déchire les ombres sur les mers de nuages, le silence est presque sacrilège. Se retrouver là-haut, c’est être minuscule mais grand en même temps. Dans mon carnet, j’ai griffonné : “Rien n’a de sens ici, mais tout est essentiel.” Je ne sais plus ce que je voulais dire, mais je m’en souviens avec le cœur.

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Lanzarote – Timanfaya, l’enfer sous contrôle

Lanzarote, c’est l’île qui a fait un pacte avec le feu et s’est laissée modeler. Le parc national de Timanfaya est un terrain de lave figée, de tubes volcaniques et de panoramas apocalyptiques. Ne vous attendez pas à une randonnée bucolique ; ici, on ne vous autorise pas à gambader partout — et c’est peut-être mieux ainsi. Le parc se découvre en bus ou à dos de chameau (oui, on fait dans l’absurde charmant).

Mais pour une vraie immersion, filez vers La Geria : le vignoble lunaire de Lanzarote. Les vignes sont plantées dans des cratères de cendres noires, protégées du vent par des murets en pierre. Résultat ? Un vin doux et volcanique, à boire sous un ciel de braises. Et pour les plus curieux, la randonnée vers le Caldera Blanca vous mène au bord d’un vieux cratère spectaculaire. Le vent y parle une langue ancienne, celle des éléments.

J’y ai dormi dans un van, la tête pleine d’étoiles et l’âme bousculée. On se sent spectateur d’un monde qui aurait pu être le nôtre, si l’humanité avait raté son virage écologique. Beau. Brut. Brutal.

La Palma – Cumbre Vieja, là où la terre s’ouvre encore

Cette île verte – surnommée “La Isla Bonita” – s’est rappelée au souvenir du monde en 2021, lorsqu’un pan de son cœur, le Cumbre Vieja, a craché de la lave durant trois longs mois, bouleversant à jamais le paysage… et la vie de ses habitants. Voyager à La Palma aujourd’hui, c’est marcher parmi les ruines fumantes d’un événement très récent. L’émotion y est plus vive, la beauté plus mélancolique.

La randonnée mythique s’appelle la Ruta de los Volcanes : 18 kilomètres de crêtes en crêtes, de forêts en flots solidifiés, avec en toile de fond l’océan. Le contraste entre les pins verts tendres et la pierre sombre est saisissant. À chaque pas, la nature vous chuchote une histoire de renaissance. Et même si les stigmates de l’irruption de 2021 sont encore visibles, l’île cicatrise avec une grâce farouche.

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Ne manquez pas le mirador de La Cumbrecita, pour un panorama où le monde semble suspendu. Mais attention aux émotions : j’y ai pleuré tout net, parce que parfois, c’est trop beau, tout simplement.

Gran Canaria – Caldera de Bandama, le volcan des contrastes

Gran Canaria est souvent la mal-aimée, perçue comme plus urbanisée, moins sauvage. Faux. Ou du moins, bien trop réducteur. Montez vers la Caldera de Bandama, un cratère de 1 000 mètres de diamètre et 200 mètres de profondeur, et vous verrez que l’île a bien des visages.

Il est possible d’en faire le tour à pied, ou de descendre dans le cratère lui-même. Ce volcan endormi vous accueille dans un silence presque inquiétant, ponctué seulement par le bourdonnement du vent et, parfois, le passage timide d’un lézard. La roche y danse entre noir, ocre et vert mordoré. C’est une balade accessible et envoûtante, idéale pour un après-midi suspendu.

Ensuite ? Perdez-vous dans les ruelles du vieux quartier de Vegueta à Las Palmas, et offrez à vos sens une récompense bien méritée avec un café leche y leche. Gran Canaria, sous ses airs sages, cache bien plus que ce qu’on croit. J’y ai appris que la douceur peut aussi être volcanique.

El Hierro – Le volcan d’une île qui vit lentement

On parle ici d’une île minuscule et méconnue, où les routes deviennent des serpents et les nuages viennent dormir dans vos bras. El Hierro est l’exploration à l’état pur, sans fioritures. En 2011, un volcan sous-marin, au large de La Restinga, a explosé à quelques encablures à peine des côtes, transformant l’eau en chaudron bouillonnant. Depuis ? L’île continue à vivre au ralenti, comme si elle savait qu’elle repose sur quelque chose de fragile.

Randonnez dans la forêt de pins de la Frontera, grimpez jusqu’au mirador de Jinama, plongez dans les piscines naturelles creusées dans la roche comme autant de baignoires taillées par les dieux… Et si l’envie vous prend, allez saluer les scientifiques de l’observatoire géologique local. Ils vous le diront mieux que moi : El Hierro, c’est un laboratoire vivant, étrange et magnifique.

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Personnellement, je m’y suis sentie à la fois minuscule et accueillie, comme dans les bras d’un inconnu qui vous connaît mieux que vous-même.

La Gomera – Des crêtes de lave au secret des brumes

La Gomera n’a pas de grands volcans actifs à montrer fièrement, mais elle porte en elle des cratères éteints où la végétation a repris ses droits. Et surtout, elle abrite la forêt de Garajonay, inscrite à l’UNESCO : un royaume de laurisilva où la brume glisse sur les fougères comme une langue ancienne perdue.

Pour les amoureux de randonnées, les reliefs volcaniques de l’île sont idéals à arpenter. Le Roque Agando, pic volcanique solitaire dressé comme un doigt levé vers le ciel, trône au cœur de l’île. Il n’est pas cratère, mais il en est l’héritier. Il me faisait penser à un moine de pierre veillant sur son jardin secret.

Les sentiers de La Gomera vous essouffleront autant qu’ils vous apaiseront. Et à l’heure dorée, si vous tendez l’oreille, vous entendrez peut-être le silbo, ce langage sifflé unique au monde qui traverse les montagnes, comme un appel de l’histoire.

Fuerteventura – Cratères oubliés aux portes du désert

Fuerteventura, c’est l’île du vent et des dunes. Mais ne vous fiez pas à ses apparences sahariennes : elle aussi a ses cicatrices volcaniques. Le volcan de Calderón Hondo est l’un des plus accessibles et photogéniques. Une brève montée vous mène au bord d’un large cratère d’où l’on aperçoit jusqu’à Lanzarote les jours de grande clarté.

Ici, la roche est sèche, poussiéreuse, et vibre de cette énergie sauvage bien différente des autres îles. Pas de forêt ni de pin, juste vous, la lave figée, et le ciel immense. Les paysages ressemblent aux coulisses d’un vieux western futuriste — si Mad Max avait pris des vacances, c’est peut-être ici qu’il aurait écrit ses mémoires.

Et quand le soleil tombe derrière les crêtes, le silence devient total, presque trop. J’y ai compris que parfois, ce n’est pas la beauté qui nous submerge, mais l’absence de tout ce qui détourne l’œil.

Et maintenant ?

Chaque île, chaque cratère, chaque souffle de soufre ou de vent salé propose une version différente de ce que c’est, que de “sentir le monde sous ses pieds”. Aux Canaries, la terre vous parle. Elle vous murmure sa colère d’hier, sa paix d’aujourd’hui, son mystère de toujours. Ce n’est pas juste un voyage : c’est une plongée dans l’intime de la planète.

Alors, prêt(e) à marcher sur les braises de la vie ?

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