Site icon Onext

Casablanca que voir : patrimoine, street art et lieux authentiques

Casablanca que voir : patrimoine, street art et lieux authentiques

Casablanca que voir : patrimoine, street art et lieux authentiques

Casablanca, l’audacieuse — entre brume atlantique et pulsations urbaines

Il y a des villes qui s’invitent dans votre voyage comme un détour. Et puis il y a Casablanca. Franche et fiévreuse, elle ne s’excuse de rien. Ni de ses embouteillages tonitruants, ni de ses contrastes étranges entre béton, zellige et graffitis. Elle vous prend par la main — ou plutôt par les hanches, parce que c’est une ville qui danse — et elle vous fait traverser son chaos avec un certain panache. Mais attention : Casablanca ne se donne pas. Elle se vit, se cherche, et se mérite. Dans ses murs défraîchis, le Maroc bruisse d’une énergie brute. Et c’est exactement ce que je suis venue chercher.

Alors, que voir à Casablanca ? Loin des cartes postales figées, je vous emmène entre patrimoine coloniale réinventé, fresques géantes et oasis cachées où le thé à la menthe fume entre les palmiers.

La mosquée Hassan II : l’éveil des sens au bord de l’Atlantique

Je vous préviens, c’est un lieu qui vous prend à la gorge. C’était un matin un peu voilé — l’Atlantique avalait le soleil dans ses vapeurs salées — et là, la mosquée s’est dressée devant moi comme une sirène de marbre et de céramique. Minaret ciselé à 210 mètres de haut, dunes de pierre caressées par les vagues… et ce silence. Presque irréel au cœur de cette cité exubérante.

Construite en partie sur l’eau (un geste presque biblique), elle n’est pas seulement un édifice religieux, elle est une ode à l’artisanat marocain. Plus de 10 000 artisans ont œuvré à ses détails : bois de cèdre sculpté, marbre poli aux reflets moirés, faïence turquoise. Une visite guidée s’impose (oui, même si vous êtes réticent aux guides) car chaque geste, chaque ornement raconte une fierté, une vision du sacré, une histoire collective.

Et puis, ce moment d’épure, quand vous entrez et que le regard s’élève vers la coupole… Je crois que j’ai retenu mon souffle.

Le centre-ville Art déco : Casablanca version Gatsby au Maghreb

Ça surprend, parfois même ça grince. Des façades aux lignes 1930 sur lesquelles pendent encore des fils électriques effilochés, des balcons en fer forgé qui semblent léviter au-dessus du chaos… Le centre-ville de Casablanca est un musée à ciel ouvert pour les amoureux d’Art déco, mais pas du genre bien rangé. Ici, la splendeur coloniale flirte avec le chaos moderne.

Commencez par le boulevard Mohammed V. Les anciens cinémas de quartier rivalisent avec des cafés rétro à la façade lépreuse, les fenêtres vert d’eau s’ouvrent sur des secrets d’arrière-cours. L’immeuble Lévy-Bendayan vaut le détour (levez les yeux !), tout comme la fameuse Poste centrale avec son horloge art déco presque intacte.

C’est ici que Casablanca se livre un peu. À condition de ne pas lui demander d’être jolie… Soyez curieux, poussez les portes entrouvertes, demandez un café noir bien serré, dégainez votre appareil photo si votre main ne tremble pas.

Hay Mohammadi : l’âme rebelle en fresques murales

C’est un quartier que même certains Casablancais hésitent à nommer. Il a sa réputation, ses brebis galeuses, ses héros. Ancien bastion de la résistance ouvrière, Hay Mohammadi est aujourd’hui l’un des centres névralgiques du street art marocain. Et croyez-moi, ça claque.

Des murs entiers repeints à la bombe. Des figures de femmes, des calligraphies amazighs, des couleurs rageuses. Le tout orchestré par des collectifs locaux comme « Casamémoire » ou « Think Tanger », qui marient mémoire et expression urbaine avec une honnêteté crue.

J’ai passé des heures à me perdre là, carnet en main, discutant avec des gosses qui m’indiquaient les « plus beaux graffs », et des barbiers ravis qu’on s’intéresse à leur trottoir.

Ce quartier, c’est Casablanca sans vernis. Et c’est ce qui le rend si précieux.

Le marché central : odeurs, couleurs, palpitations

Je vous le dis tout de suite : ici, on ne vient pas en touriste feutré. Le marché central déborde. De bruit. De poissons qui vous fixent l’œil ouvert. De piles d’épices qui s’envolent au vent. De vendeurs à la voix rauque, qui pensent que l’amour passe par un bon prix de thon rouge.

Mais si vous dépassez l’effervescence initiale, vous y trouverez des instants suspendus. Des carrés de figues si foncées qu’elles en deviennent presque noires. Des olives aux mille nuances. Des herboristes qui murmurent des secrets anti-fatigue ou anti-sorcellerie. Et, au cœur du chaos, une petite cantine où l’on sert à la va-vite un poisson grillé avec sa chermoula. Juste là, le bonheur a goût de citron confit.

Astuce de Jade : venez vers 11h, ça bourdonne déjà mais les cuisines sont à pleine puissance.

La Corniche et ses contrastes : balade entre luxe et mélancolie

Imaginez une longue promenade en bord de mer, les vagues s’écrasant avec une régularité presque hypnotique sur les rochers. Bienvenue à La Corniche. Autrefois le Miami marocain, aujourd’hui un patchwork où s’alternent hôtels chics, délabrement poétique et jeunesse en quête d’évasion.

Le jour, c’est la plage. Enfin… disons plutôt des promontoires rocailleux où les ados sautent tête la première dans l’Atlantique en hurlant leur virilité nouvelle.

Le soir, les spots s’allument. Ambiance chicha lounge, rire effervescent, flirts parfumés à la fleur d’oranger et… oui, un brin de décadence. J’y ai siroté un jus d’avocat en observant les femmes voilées prendre la brise derrière leurs lunettes Gucci. Une ville de paradoxes, vous disais-je.

Le musée de la Fondation Abderrahman Slaoui : parenthèse d’élégance

Perché dans une ancienne villa coloniale, ce musée intimiste est un bijou. Dans le tumulte permanent de la ville, y entrer, c’est ouvrir une parenthèse en clair-obscur. On y trouve des affiches publicitaires vintage, des bijoux berbères, des objets d’art marocains et une atmosphère feutrée, odorante comme les salons de thé d’autrefois.

Mais si je l’aime autant, c’est parce qu’il raconte une histoire. Celle d’un mécène amoureux de la beauté et du patrimoine, qui a voulu transmettre, doucement, patiemment, loin du bling-bling des galeries.

Le musée organise parfois des expositions éphémères, alors vérifiez le programme. Il mérite au minimum une heure, voire deux si le cœur vous en dit… et il vous le dira.

Coup de cœur final : L’ancienne médina (mais pas pour les raisons qu’on croit)

Non, ce n’est pas la plus jolie du Maroc. Ni la plus grande. Ni la plus bien conservée. Mais elle a quelque chose… Une vérité sans fard. Entre les échoppes de babioles chinoises et les tailleurs de djellabas, elle respire. Une vie communautaire palpable, des gamins qui jouent au foot entre deux vieillards assis sur une caisse de tomates, des minarets qui surgissent entre deux paraboles, presque par surprise.

Suivez les ruelles sans but. Écoutez les klaxons fatigués. Acceptez de ne rien chercher. Et laissez-vous surprendre par un henné improvisé ou un marchand de saboun beldi au regard malicieux.

Casablanca, ce n’est pas Marrakech, et elle ne veut pas l’être. Elle est plus brute, plus directe, plus frottée à la vie réelle. Mais sous sa carapace de béton, elle bat, chaude et intense, comme un cœur tatoué d’argile et de bitume.

Infos pratiques pour un séjour sans faux-pas

Alors, Casablanca vous tente ? Ne soyez pas trop pressé de la cerner. Laissez-la vous cogner un peu, puis entrez-le dans ses veines. Elle vous rendra la pareille. À sa manière.

Quitter la version mobile